

Avant-Propos
Les liens mystérieux qui unissent le visible et l’invisible dépassent le rationnel.
Laissons parler les choses par elles-mêmes .
Essayons de nous mettre en retrait et ressentons les relations qui se tissent entre les espèces vivantes et le monde imaginaire.
Par une nuit étoilée, couchée dans un pré, j’ai admiré le ciel et devant la beauté de ce spectacle, je me suis sentie minuscule face à la puissance de la voûte céleste.
J’ai laissé voguer les images, les scènes qui se présentaient à mon esprit et spontanément les plus belles s’étaient imprimées en moi.
Au cours de mes lectures ,j’ai pu retrouver les personnages qui ont peuplé les contes et légendes de mon enfance :Les nymphes, les satyres, les centaures, les dryades ,les animaux de la forêt et tous les personnages mythiques ou légendaires à la lisière de l’Invisible.
J’ai essayé de retracer ces histoires émouvantes par une forme d’écriture libre et poétique .
Lors de mes promenades en forêt, des images d’arbres, de plantes ; des jardins, des tableaux de maître, des souvenirs sont restés gravés dans mon esprit,
Comme des amis familiers et leur histoire personnelle que je vais vous conter.
Le cri de la forêt
A la fin de l’été, les victimes de la sécheresse,
Des arbres secs jonchent le sol en pleine détresse,
Les branches brisées portant des feuilles mortes
Présentent un spectacle d’une grande tristesse.
Les arbres couchés sur le flanc exposent,
Leur socle de racines arrachées qui explosent,
Dans un sol sablonneux, terre de cimetière
Le sang de la forêt a séché sur la terre.
Ce n’est plus le bûcheron qui lance la cognée,
Les scies, les tronçonneuses se sont arrêtées,
C’est le réchauffement de la planète
Qui supprime la sève et fait place nette.
Ce spectacle désolant nous afflige ,
Comme après une tempête, la forêt se fige.
Adieu buissons gourmands de rouges mûres,
Adieu biche et faon, adieu belle nature.
Nicole Dubromer
Le cri de la forêt (2)
Entends-tu geindre les arbres mourants
Le grincement des branches poussées par le vent,
Le craquement du bois mort sous les pieds,
Les battements violents de mon cœur attristé ?
Ecoute le cri des arbres dans leur détresse,
Les derniers soupirs des branches dans leur mouroir,
Le froissement des feuilles qui gisent sans espoir
Après la bataille contre la sécheresse,
Les oiseaux ont disparu dans le firmament,
Plus de gazouillis, plus de pépiements,
La biche et le faon ne font plus de visite,
Le glapissement du renard étouffe dans son gite.
Les insectes se sont tus, ils ont quitté l’environnement.
Les abeilles, les mouches ne bourdonnent plus,
Le sifflement du merle, le chuchotement
Des coccinelles, les grésillements du grillon ont disparu.
Adieu vieille forêt, temple de la nature,
Jouet des promeneurs, refuge des bêtes traquées,
Adieu vieille forêt toujours honorée
Par de doux rayons caressant ta verdure.
Nicole Dubromer
Le cri de la forêt (3)
L’été la chaleur s’est abreuvée de sève,
La forêt asséchée abandonnée sans trêve
Expire, succombe, c’est l’heure du trépas,
Elle est à l’agonie, le bûcheron a sonné le glas,
Que deviendrons-nous sans la fraîcheur des bois,
Sans pouvoir admirer ta chevelure ondulante,
Qui nous protégeait de la chaleur ardente,
Que deviendrons-nous lorsque tu ne seras plus là ?
Que l’homme est malheureux de perdre ta beauté !
Où nous venions heureux échanger nos baisers !
Le béton viendra remplacer tes sentiers !
Adieu vieille forêt, nous ne pourrons plus t’aimer !
Nicole Dubromer
L’orange verte (1)
J’ai fait le songe d’une planète bleue
Peuplée d’amoureux et de gens heureux
Où chaque habitant apporterait sa contribution
A la marche de l’univers en pleine évolution.
Ces humanoïdes pleins de bonnes intentions
Se délectaient de jus délicieux en dégustation
Ils voulaient partager le bonheur en offrant des fruits,
Imaginant un univers délicieux et gratuit.
Ils avaient espéré un monde sans pollution,
Une vie tranquille et paisible sans oppression
Les transports en commun, sortes de grosses chenilles,
Une circulation libre et gratuite, roulant sans énergie fossile,
L’air était pur et frais , plus de gaz à effets de serre,
Les habitants se déplaçaient heureux sur cette terre,
Chacun avait dans sa poche un sac en tissus
Pour supprimer les plastics qui polluent
Nicole Dubromer
L’orange sanguine (2)
Les rues étaient fleuries , propres et accueillantes,
Les habitants souriants avaient l’humeur confiante
Chacun pouvait croquer dans le fruit,
Faire éclater la pulpe et en tirer parti,
Mais un soir, je me réveillais en sursaut
L’orange verte était devenue rouge,
Les pépins sataniques avaient mis dans le fruit la panique,
Les vaisseaux laissaient couler du sang.
Le flot jaillit dans ma bouche entre mes dents,
Effrayée, je me suis levée, le sang s’écoulait lentement,
Mon rêve était devenu un cauchemar,
Mon lit était un champ de bataille,
Tout à coup, mon esprit imagina une sombre réalité,
La fureur des hommes, les meurtres et leur cruauté,
La haine, la corruption, les tueries,
A travers un épais brouillard d’infamies.
Nicole Dubromer
L’orange bleue ( 3)
Révoltée par tant d’injustices et d’offenses,
Je cherchais pourquoi les terriens
Laissaient se propager ces gouttes de venin
Par de gros tyrans en toute insouciance.
Ils tuaient des enfants, des vieillards,
Des malheureux égarés erraient dans les rues,
Loin de leur foyer, ils étaient perdus,
Ils déambulaient dans le brouillard
Est-ce un songe ou une réalité ?
J’avais rêvé d’une orange bleue de toute beauté
Où règneraient la solidarité, la considération,
Sans jalousie, tout en compréhension.
Nicole Dubromer
L’orange bleue (4)
Non ! Le sang ne coulerait plus dans les villes,
Il n’y aurait plus d’orange sanguine,
Les hommes seraient des prêtres, des poètes,
Des justes, des artistes, des prophètes,
Il n’y aurait plus de malheureux,
On dégusterait sur les terrasses de café,
A toute heure et à volonté,
Toutes sortes de fruits juteux
Des jus délicieux d’orange bleue
Nicole DUBROMER
Recension de « A la lisière de l’Invisible » de NicoleDubromer par Monsieur Michel Bénard Lauréat de l’Académie Française
C’est à pas comptés, mais réguliers que Nicole Dubromer
Vient nous présenter son dernier recueil :
A la Lisière de l’Invisible
Laissant transparaître une certaine inquiétude sur le devenir humain de notre belle planète « bleue comme une orange » ainsi que le disait Paul Eluard.
Cet ouvrage est le huitième de la série, huit, voici un chiffre qui pourrait bien nous faire songer à l’infini, à plus juste titre lorsque le thème de l’ouvrage repose sur l’invisible et le visible, le tangible et l’intangible, afin de mieux évoluer vers l’irrationnel. Chez Nicole Dubromer, la poésie reste ouverte sur L’essentiel de la vie.
C’est de la lisière de l’invisible que notre poétesse nous revient.
Elle a besoin de paix, de silence, d’isolement au cœur de la nature, son thème redondant.
Faune et flore aux multitudes de créatures invisibles.
Voici une poésie qui nous transporte dans un univers pastoral et bucolique
Juste à la pointe de l’aube juste à l’heure de l’aube où s’efface la nuit.
Au-delà de la nature, Nicole Dubromer, cultive un autre jardin secret, le monde
Hellénique qui est son refuge : la mythologie et la poésie germent au cœur de
Ses textes personnels.
Âme sensible, notre amie se laisse guider par les jeux de la séduction,
les arcanes d’amour, par les légendes et les mythes.
Tel est le jardin de l’imaginaire où elle se ressource.
Michel Bénard *Lauréat de l’Académie Française*
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